rédaction était sauvegardé par un article des statuts de la Fédération romande, qui le rendait en quelque sorte indépendant de l’arbitraire du Comité fédéral[1].
L’Internationale de Genève était donc en pleine guerre : d’un côté, il y avait la Fabrique, savamment disciplinée, aveuglée et menée par ses chefs ; de l’autre, la masse des ouvriers en bâtiment éclairés par le journal l’Égalité, et s’organisant peu à peu sous l’influence de l’Alliance. Au milieu, il y avait les sections des métiers intermédiaires : les cordonniers, les tailleurs, les typographes, etc., dont les comités appartenaient, il est vrai, en très grande partie à la réaction, mais dont le peuple avait plus de sympathie pour la Révolution.
Une bataille décisive était devenue inévitable. Elle se livra dans la seconde moitié du mois d’août, à l’occasion de l’élection des délégués pour le Congrès de Bâle[2].
- ↑ Cet article (art. 52) disait : « Le Congrès [romand] arrêtera chaque année le programme et le prix du journal ». Mais un autre article (art. 42), relatif aux attributions du Comité fédéral, portait : « Il aura la surveillance morale du journal de l’Association ».
- ↑ Au bas du feuillet 68, Bakounine a écrit ces lignes, adressées à ceux qui devaient lire son manuscrit : « Fin immédiatement. — Je ne sais pas l’usage que vous trouverez bon de faire de ce manuscrit. Ce qui est certain, c’est que je ne ferai pas d’autre rapport que celui-ci, qui ne peut pas être imprimé dans sa forme présente, mais qui contient des détails suffisants pour éclaircir tous les points et pour vous fournir tous les matériaux nécessaires pour un mémoire plus serré et plus court. — Je vous prie instamment, chers amis, de ne point égarer ce manuscrit, et de me le renvoyer tout entier, après en avoir tiré le parti que vous voudrez. »