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le Bureau international central avec elle se seront dissous, le Conseil général reconnaîtra toutes les sections de l’Alliance, avec le programme de l’Alliance, comme des sections régulières de l’Internationale[1]. »

  1. Le texte de la décision prise par le Conseil général, dans sa séance du 9 mars 1869, en réponse à la lettre de Perron, a été inséré dans la brochure (œuvre de Marx) Les prétendues scissions dans l’Internationale, circulaire privée du Conseil général (du 5 mars 1872). Voici ce texte :
    « Le Conseil général au Comité central de l’Alliance Internationale de la Démocratie socialiste.
    « D’après l’article premier de nos statuts, l’Association admet toutes les sociétés ouvrières aspirant au même but, savoir : le concours mutuel, le progrès et l’émancipation complète de la classe ouvrière.
    « Les sections de la classe ouvrière dans les divers pays se trouvant placées dans des conditions diverses de développement, il s’ensuit nécessairement que leurs opinions théoriques, qui reflètent le mouvement réel, sont aussi divergentes.
    « Cependant, la communauté d’action établie par l’Association Internationale des Travailleurs, l’échange des idées facilité par la publicité faite par les organes des différentes sections nationales, enfin les discussions directes aux Congrès généraux, ne manqueront pas d’engendrer graduellement un programme théorique commun.
    « Ainsi, il est en dehors des fonctions du Conseil général de faire l’examen critique du programme de l’Alliance. Nous n’avons pas à rechercher, si, oui ou non, c’est une expression adéquate du mouvement prolétaire. Pour nous, il s’agit seulement de savoir s’il ne contient rien de contraire à la tendance générale de notre Association, c’est-à-dire l’émancipation complète de la classe ouvrière. Il y a une phrase dans votre programme qui de ce point de vue fait défaut. Dans l’article 2 on lit :
    « Elle (l’Alliance) veut avant tout l’égalisation politique, économique et sociale des classes. »
    L’égalisation des classes, interprétée littéralement, aboutit à l’harmonie du capital et du travail, si importunément prêchée par les socialistes bourgeois. Ce n’est pas l’égalisation des classes, — contre-sens logique, impossible à réaliser, — mais au contraire l’abolition des classes, ce véritable secret du mouvement prolétaire, qui forme le grand but de l’Association Internationale des Travailleurs. Cependant, considérant le contexte dans lequel cette phrase égalisation des classes se trouve, elle semble s’y être glissée comme une simple erreur de plume. Le Conseil général ne doute pas que vous voudrez bien éliminer de votre programme une phrase prêtant à des malentendus si dangereux. À la réserve des cas où la tendance générale de notre Association serait contredite, il correspond à ses principes de laisser chaque section formuler librement son programme théorique.
    « Il n’existe donc pas d’obstacle pour la conversion des sections de l’Alliance en sections de l’Association Internationale des Travailleurs.
    « Si la dissolution de l’Alliance et l’entrée des sections dans l’Internationale étaient définitivement décidées, il deviendrait nécessaire, d’après nos règlements, d’informer le Conseil du lieu et de la force numérique de chaque nouvelle section. « Séance du Conseil général du 9 mars 1869.) »

    Le fac-similé du brouillon de cette décision du Conseil général, rédigé en français, de la main de Marx, a été publié dans l’ouvrage de Gustav Jaeckh, Die Internationale, en appendice (Leipzig, 1904). Il y a quelques légères différences entre le texte du brouillon et le texte définitif : c’est sans doute parce que Jung, le secrétaire pour la Suisse, aura cherché à franciser — sans y réussir d’ailleurs — le style du Maître. Ainsi, le texte revu par Jung contient encore cette tournure ultra-germanique : « Il y a une phrase dans votre programme qui de ce point de vue fait défaut », qu’il faut traduire probablement par les mots : qui, à ce point de vue, est fautive.