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du socialisme ; et surtout lorsqu’ils virent que l’Alliance, exerçant une attraction toute particulière sur les ouvriers en bâtiment, tendait à leur donner l’idée d’une organisation collective, qu’ils n’avaient point eue jusque-là, une organisation toute fondée sur les principes de l’Internationale, inspirée uniquement de son esprit, et qui aurait eu pour conséquence nécessaire de les rendre plus clairvoyants et plus indépendants, d’abord vis-à-vis de leurs comités qui se fourvoyaient de plus en plus dans une voie excessivement autoritaire, et en dernier lieu vis-à-vis des meneurs de la Fabrique, qui, non contents d’avoir formé au sein de cette dernière une sorte de coterie gouvernementale, s’efforçaient ostensiblement d’étendre leur domination sur les sections des ouvriers en bâtiment, au moyen des comités de celles-ci, |30 alors ils commencèrent à suspecter l’action si légitime et d’ailleurs complètement ouverte et publique du groupe de l’Alliance.

Toute cette action de l’Alliance se réduisait à ceci : elle donnait à la grande masse des ouvriers en bâtiment le moyen de définir leurs instincts, de les traduire en pensée et d’exprimer cette pensée. Au sein du Cercle[1] et dans les assemblées générales de l’Internationale, cela était devenu impossible, grâce à la prédominance organisée des ouvriers de

  1. Le Cercle international, siège commun des Sections de l’Internationale à Genève. Son local se trouvait, en 1868, à la brasserie des Quatre-Saisons, aux Grottes (rive droite) ; il fut transféré en mars 1869 au Temple-Unique, l’ancien Temple maçonnique (rive gauche).