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me paraît que poser cette question, c’est la résoudre. C’est comme si l’on demandait : Faut-il, sous le prétexte de faire une unité apparente dans l’Internationale de la Suisse romande, sacrifier son esprit, et tuer le seul corps qui soit constitué selon son esprit ?

Je vous répète ce que j’ai écrit à Guillaume. Un tel sacrifice serait une lâcheté gratuite, mais nullement obligatoire.

Enfin, mes chers amis, croyez-vous vraiment que l’Internationale soit arrivée à ce point en Europe qu’on ne puisse plus vivre, respirer, agir dans son sein que par une série d’actes humiliants mais diplomatiques, que par la lâcheté, que par l’intrigue ? S’il en était ainsi, l’Internationale ne vaudrait plus un sou, il faudrait vite la dissoudre comme une institution bourgeoise ou dépravée par l’esprit bourgeois. Mais ne lui faisons pas cette injure. Ce n’est pas elle qui est devenue mauvaise, c’est nous qui sommes devenus lâches et faibles. Nous renfermant dans le sentiment de notre droit, nous nous sommes tus comme de prudents martyrs, tandis que nous devions traîner nos calomniateurs au grand jour et leur rendre coup pour coup[1]. Nous ne l’avons pas fait parce qu’intérieurement nous étions divisés, et que dans

  1. Bakounine, ici, ne parle que de ce qui s’est passé à Genève, et de l’attitude, en effet très singulière, des membres de l’Alliance comme Brosset, Perron, Joukovsky, qui se tinrent cois au lendemain de la scission de 1870, sans que rien pût les tirer de leur apathie.