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au front duquel resplendit la divine étincelle du génie ; qui, en quarante années de douleurs inexprimables, de constance indomptée, d’actions magnanimes, avec la fascination incomparable de sa parole, avec la merveilleuse puissance de son esprit, a entraîné, a conquis tous ceux qui, dans le monde, palpitent pour la liberté et la Justice ? Affronterai-je celui dont le nom a été, en notre siècle, une espérance de résurrection pour les peuples, une menace de ruine suprême pour les rois, et qui, en rappelant l’Italie à la vie, a resserré entre les nations cette inébranlable communion de sentiments qui assure le triomphe définitif de la plus grande des révolutions ? Citoyen, oserai-je me dresser contre l’homme qui le premier m’a appris à prononcer avec émotion le saint nom de l’Italie ; révolutionnaire, me prononcerai-je pour des idées qui ne sont pas celles du vénérable concitoyen de Balilla[1], sous la bannière duquel, avec l’enthousiasme du premier âge, j’ai conspiré et combattu toutes les formes du despotisme ; homme, oserai-je discuter le Titan dont les bras puissants ont cherché à enserrer l’humanité pour en faire une seule famille ?

C’est la première fois qu’en moi le cœur comprime les idées, que la main n’obéit qu’à regret aux inspirations de la pensée. À ceux qui traitent les

  1. Balilla était un gamin qui, ayant lancé une pierre aux Autrichiens, maîtres de Gènes, fut l’occasion d’une insurrection à la suite de laquelle les Autrichiens furent chassés de cette ville, en 1746.