Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/133

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Son raisonnement est celui de tous les théologiens. S’il n’y avait point de Dieu créateur, dit-il, le monde avec ses lois admirables n’aurait pu exister, ou bien ne présenterait rien qu’un horrible chaos, où toutes choses seraient réglées, non par une pensée providentielle et divine, mais par l’affreux hasard et la concurrence anarchique des forces aveugles. Il n’y aurait aucun but dans la vie ; tout n’y serait que matériel, brutal et fortuit. Car sans Dieu point de coordination dans le monde physique, et point de loi morale dans l’humaine société ; et sans loi morale, point de devoir, point de droit, point de sacrifice, point d’amour, point d’humanité, point de patrie, point de Rome et point d’Italie ; car si l’Italie existe comme nation, ce n’est que parce qu’elle a une mission providentielle et mondiale à remplir, et elle n’a pu être chargée de cette mission que par Dieu, dont la sollicitude paternelle pour cette reine des nations est allée jusqu’à tracer, de son propre doigt divin, ses frontières, devinées et décrites par le génie prophétique de Dante.

Dans des articles qui suivront celui-ci[1], je tâcherai de prouver contre Mazzini :

1° Que s’il y avait un Dieu créateur, le monde n’aurait jamais pu exister ;

2° Que si Dieu avait été le législateur du monde

  1. Dans l’Introduction de La Théologie Politique de Mazzini et l’Internationale, cette phrase a été remplacée par celle-ci : « Dans la suite de ce travail,… »