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constituent à nos yeux autant d’évolutions sans doute différentes, mais non moins étroitement solidaires, de cette totalité d’êtres réels que nous appelons la matière.

Et remarquez bien que nous ne considérons pas cette totalité comme une sorte de substance absolue et éternellement créatrice, ainsi que le font les panthéistes, mais comme une résultante éternelle, produite et reproduite toujours de nouveau par le concours d’une infinité d’actions et de réactions de toutes sortes ou par l’incessante transformation des êtres réels qui naissent et meurent en son sein.

Pour ne point prolonger cette dissertation métaphysique, je dirai, en me résumant, que nous appelons matériel tout ce qui est, tout ce qui se produit dans le monde réel, dans l’homme aussi bien qu’en dehors de l’homme, et que nous appliquons le nom d’idéal exclusivement aux produits de l’action cérébrale de l’homme ; mais comme notre cerveau est une organisation tout à fait matérielle et que par conséquent tous les fonctionnements en sont aussi matériels que peut l’être l’action de toutes les autres choses réunies, il en résulte que ce que nous appelons la matière ou le monde matériel n’exclut aucunement, mais, au contraire, embrasse infailliblement l’idéal.

Il est un fait qui serait digne d’être bien médité par nos platoniques adversaires : Comment se fait-il que généralement les théoriciens matérialistes se montrent bien plus largement idéalistes en pratique