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devoir de le relever, pour qu’il ne soit pas dit que par vénération pour les grands services passés d’un homme, nous avons incliné notre tête devant le mensonge.

Ce n’est pas de gaieté de cœur qu’on peut se décider à attaquer un homme comme Mazzini, un homme qu’on est forcé de révérer et d’aimer même en le combattant, car s’il est une chose que personne n’oserait mettre en doute, c’est le haut désintéressement, l’immense sincérité et la non moins immense passion pour le bien de cet homme, dont la pureté incomparable brille de tout son éclat au milieu de la corruption du siècle. Mais la piété, si légitime qu’elle soit, ne doit jamais tourner en idolâtrie ; et il est une chose plus sacrée que le plus grand homme du monde, c’est la vérité, c’est la justice, c’est le devoir de défendre la sainte cause de l’humanité.

Ce n’est pas la première fois que Mazzini lance ses accusations et ses condamnations, pour ne point dire ses injures et ses calomnies, contre nous. L’an passé, dans une lettre adressée à son ami, idéaliste et prêtre[1] comme lui, l’illustre Quinet, il avait amèrement censuré les tendances matérialistes et athées de la jeunesse moderne. C’était son droit, conséquence logique du malheur qu’il a eu d’avoir rattaché toujours ses aspirations les plus nobles à l’exis-

  1. « Prêtre » est, dans toute cette Réponse, une simple figure de rhétorique ; il n’est peut-être pas inutile de le dire, pour les lecteurs qui ne connaîtraient ni Mazzini ni Edgar Quinet.