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une science nouvelle, une nouvelle philosophie sociale, qui doit remplacer toutes les anciennes religions, et une politique toute nouvelle, la politique internationale, et qui comme telle, nous nous empressons de le dire, ne peut avoir d’autre but que la destruction de tous les États. Pour que tous les membres de l’Internationale puissent remplir de façon consciente leur double devoir de propagandistes et de chefs naturels des masses dans la Révolution[1], il faut que chacun d’eux soit pénétré lui-même, autant que possible, de cette science, de cette philosophie et de cette politique. Il ne leur suffit pas de savoir et de dire qu’ils veulent l’émancipation économique des travailleurs, la jouissance intégrale de son produit pour chacun, l’abolition des classes et de l’assujettissement politique, la réalisation de la plénitude des droits humains, et l’équivalence parfaite des devoirs et des droits pour chacun, — l’accomplissement de l’humaine fraternité, en un mot. Tout cela est sans doute fort beau et fort juste, mais, si les ouvriers de l’Internationale s’arrêtent à ces grandes vérités, sans en approfondir les conditions, les conséquences et l’esprit, et s’ils se contentent de les répéter toujours et toujours dans cette forme générale, ils courent |138 bien le risque d’en faire bientôt des paroles creuses et stériles, des lieux communs incompris.

  1. Cette phrase a été modifiée dans l’Almanach de la manière suivante : « Leur double devoir de propagandistes et de révolutionnaires ».