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vailleurs qui, ayant fini par comprendre que, tant que la bourgeoisie aurait une existence à part, fondée sur la propriété individuelle et héréditaire des capitaux et de la terre, une réconciliation sérieuse et sincère entre elle et les millions de travailleurs qu’elle exploite était impossible, a refusé l’alliance que lui proposaient les bourgeois. Réunie en Congrès, à Bruxelles, l’Association internationale des travailleurs a déclaré que la Ligue toute bourgeoise de la paix et de la liberté, au point de vue du franc socialisme, ou à celui de l’émancipation intégrale des travailleurs, n’avait aucune raison d’être.

Deux semaines plus tard, la Ligue de la paix et de la liberté, réunie en Congrès à Berne, donnant raison à la perspicacité du Congrès de Bruxelles, rejeta de son programme à une immense majorité le principe de l’égalité économique et sociale, et s’affirma définitivement par là même comme une ligue bourgeoise et par conséquent hostile au programme des travailleurs.

La rupture a donc été constatée et déclarée franchement des deux côtés presque en même temps. L’impossibilité d’une conciliation quelconque était devenue manifeste pour tout le monde, et, à moins d’avoir la conscience assez large pour affirmer à la fois deux principes qui s’entredétruisent, chacun s’est vu forcé d’embrasser l’un des deux partis, à l’exclusion de l’autre.

À ces deux faits, il s’en est ajouté un troisième, d’une nature bien plus importante encore et surtout