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et les bourgeois socialistes de Vienne n’ont-ils pas dénoncé, il y a un an à peu près, dans leurs journaux et leurs discours, le franc socialisme des travailleurs de Vienne à cette même police ? Les ouvriers de l’Autriche doivent donc être prudents, étant de tous côtés entourés de dénonciateurs, d’ennemis, et nous savons de source certaine que, s’ils n’en avaient été formellement empêchés par les lois autrichiennes, ils se seraient depuis longtemps constitués en sections de notre grande Association internationale.

Et malgré tout cela, malgré toutes ces lois restrictives et sous la pression même d’une telle police, faut-il le dire, ils déploient plus d’audace révolutionnaire, une initiative bien plus large et des sympathies internationales bien autrement généreuses, que nous autres internationaux qui jouissons dans la Suisse de toutes les libertés de la république bourgeoise. Pour le prouver, nous n’avons qu’à citer le texte de ce télégramme que la dernière assemblée populaire qui s’est tenue à Vienne le 30 mai, au nombre de vingt mille ouvriers, a envoyé, à la suite des dernières élections, aux ouvriers de Paris et de Lyon :

« Salut et félicitations aux ouvriers de Paris et de Lyon. Nous avons reçu avec bonheur la nouvelle de votre victoire, qui est aussi la nôtre. Vive le peuple français, vive l’avant-garde du prolétariat ! »

Mais supposons même que les ouvriers, en Autriche, s’inspirent trop aveuglément des écrits de Lassalle, qui, au milieu de tant de magnifiques