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l’armée impériales. Ce n’est point un sentiment naturel, national, c’est une vertu officielle qui ne vaut que ce que valent toutes les vertus officielles.

Si le travailleur autrichien voulait être patriote dans le sens très restreint d’une des nombreuses nationalités qui composent l’Empire d’Autriche, il devrait renoncer à l’union avec les travailleurs de toutes les autres nations du même empire ; c’est-à-dire qu’il, devrait renoncer au puissant, à l’unique instrument à l’aide duquel il peut conquérir son existence humaine, son bien-être, sa liberté, et le but suprême des ouvriers de tous les pays, aujourd’hui, l’égalité. Il ne peut donc devenir une puissance réelle qu’en foulant aux pieds le principe de la nationalité.

C’est une nécessité si bien comprise par les ouvriers de l’Autriche, que le premier acte du Parti de la démocratie socialiste fut d’éliminer de son programme la question nationale. C’est en vain que les chefs des partis nationaux slaves, d’un côté, inspirés par la politique féodale et cléricale, et, de l’autre, les politiciens allemands, — bourgeois libéraux, démocrates, et socialistes bourgeois, — se sont efforcés d’attirer dans leurs camps opposés les ouvriers de Vienne. Sourds à toutes ces voix de sirènes, et s’inspirant du principe qui les avait réunis, ces braves travailleurs déclarèrent, par un manifeste mémorable, qu’ils ne voulaient appartenir ni à la Confédération du Nord de l’Allemagne, présidée par M. de Bismarck, ni à la combinaison politique des