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d’Autriche, comme elle se cramponne d’un autre côté à l’unité de l’Allemagne représentée par M. de Bismarck ou aux institutions impériales de Napoléon III, comme elle se cramponne à un trône sans monarque en Espagne, et, en général, à tous les États politiques actuellement existants, parce qu’elle sait que tous ses privilèges politiques et sociaux et son existence même, en tant que classe économiquement séparée de la masse de ces ouvriers qui ne travaillent aujourd’hui que pour elle, seront brisés et anéantis par le même orage populaire qui emportera tous ces États.

La disparition prochaine de cet empire de la carte politique de l’Europe y laissera pourtant un vide immense et que, dans l’intérêt même de la civilisation, il sera urgent de combler. Cette urgence devient d’autant plus évidente aujourd’hui qu’encouragées par la stérilité des efforts de la bourgeoisie libérale et démocratique en Autriche, efforts qui au lieu d’empêcher semblent précipiter la catastrophe de cet empire, toutes les sombres puissances de la réaction, représentées au dehors par l’Empire panslaviste de Saint-Pétersbourg et par l’Empire pangermanique de Berlin, et à l’intérieur par le clergé ultramontain et par la vieille oligarchie autrichienne, se préparent visiblement à en recueillir l’héritage. Diplomatie russe et diplomatie de Bismarck, princes et comtes de l’empire, anciens bureaucrates, vieux militaires et évêques, tous intriguent à l’unisson aujourd’hui en Autriche, et semblent s’être