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Oui, grande et formidable vraiment ! Elle compte à peine quatre ans et demi d’existence, et déjà elle embrasse plusieurs centaines de milliers d’adhérents disséminés et étroitement alliés, dans presque tous les pays de l’Europe et de l’Amérique. Une pensée et une entreprise qui produisent en si peu de temps de tels fruits ne peuvent être qu’une pensée salutaire, une entreprise légitime.

Est-ce une pensée secrète, une conspiration ? Pas le moins du monde. Si l’Internationale conspire, elle le fait au grand jour et le dit à qui veut l’entendre[1]. Et que dit-elle, que demande-t-elle ? La justice, rien que la plus stricte justice et le droit de l’humanité, et l’obligation du travail pour tout le monde. Si à la société bourgeoise actuelle cette pensée paraît subversive et honteuse, tant pis pour cette société.

Est-ce une entreprise révolutionnaire ? Oui et non. Elle est révolutionnaire en ce sens qu’elle tend à

  1. Un an plus tard, les membres des sections de l’Internationale de Paris faisaient une déclaration analogue. Au moment où, quelques jours avant le plébiscite, Émile Ollivier ordonna l’arrestation, sous l’inculpation de complot et de société secrète, de « tous les individus qui dirigeaient l’Internationale », le Conseil fédéral parisien de l’Internationale publia (2 mai 1870) une protestation où il disait : « Il est faux que l’Internationale soit pour quelque chose dans le nouveau complot, qui n’a sans doute pas plus de réalité que les inventions précédentes du même genre… L’Association internationale des travailleurs, conspiration permanente de tous les opprimés et de tous les exploités, existera malgré d’impuissantes persécutions contre les prétendus chefs, tant que n’auront pas disparu tous les exploiteurs, capitalistes, prêtres et aventuriers politiques. »