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établi, semble prendre à tâche de se diviser à l’infini, de se réduire aux fractions les plus minimes, par l’intolérance de ses opinions.

Chacun de ses groupes, serré autour de sa conception particulière, jette aux groupes voisins des regards de défi, des paroles d’insulte, et les traite en ennemis. — Qu’ont fait ces criminels ? — Ils ne pensent pas tout à fait comme nous.

Est-ce une raison de soupçonner leur bonne foi et de les traiter avec mépris ?

Nous rêvons l’union de tous les hommes dans une organisation sociale où s’identifieront la science et la justice, mais qui ne saurait non plus se passer d’être libre et fraternelle. Nous flétrissons les moyens odieux du despotisme, qui règne par la violence et la terreur ; nous raillons, d’une indignation encore frémissante, le joug insolent de ces clergés qui prétendaient régler l’essor de la pensée et gouverner la conscience. En répudiant ces vieux et sanglants dogmatismes, devons-nous garder leur esprit ? Devons-nous parler le langage de ces despotes, si pleins de foi en eux-mêmes qu’ils se croyaient réellement supérieurs au reste de la terre, et considéraient comme une offense la moindre objection, comme un crime la moindre résistance ? Allons-nous aussi excommunier ?

Nous croyons à l’égalité ? Soyons conformes à notre foi en respectant la dignité d’autrui comme la nôtre et en n’élevant point, sans preuve, de soupçons contre la loyauté de ceux qui diffèrent de nous.

Quand on comprend l’injustice de tout dogme imposé, l’insuffisance de tout système non modi-