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l’Europe par les travailleurs des fabriques et des villes, comme elles l’avaient été jusqu’en 1793 par la classe bourgeoise, aspirent unanimement et partout à une chose que le socialisme bourgeois ne pourra ni ne voudra jamais leur donner. Elles veulent l’égalité.

Non l’égalité trompeuse, l’égalité seulement juridique, politique et civile qu’on s’amuse à leur offrir : elles veulent l’égalité économique et sociale avant tout, l’égalité réelle et complète ; l’égalité de l’enfance dans les moyens d’entretien, d’instruction et d’éducation ; l’égalité dans le travail, dans la répartition des produits du travail collectif, ainsi que dans toutes les autres conditions de la vie.

Fatigué d’être exploité et gouverné par autrui, le peuple ne veut plus de classe exploitante et tutélaire, quel que soit le nom qu’elle se donne. Il veut, messieurs les socialistes bourgeois, et dans son intérêt propre, et dans celui de votre moralisation et de votre dignité à vous, il veut que vous viviez et que vous travailliez désormais aux mêmes conditions que lui-même. Parlez-lui de cette égalité, et il vous croira, il vous écoutera, il vous suivra. Aidez-le à la conquérir, et il vous donnera en retour la liberté, la justice et la paix. Sinon, non, et votre Fraternité ne sera rien à ses yeux qu’une fraude nouvelle.



(Égalité du 20 février 1869.)
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