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vage économique et social, sa servitude réelle qui se cache sous les apparences d’une liberté politique mensongère. C’est donc l’égalité politique, non l’égalité sociale.

Mes chers amis, vous savez tous par expérience combien cette prétendue égalité politique non fondée sur l’égalité économique et sociale est trompeuse. Dans un État largement démocratique, par exemple, tous les hommes arrivés à l’âge de majorité, et qui ne se trouvent |9 pas sous le coup d’une condamnation criminelle, ont le droit, et même, ajoute-t-on, le devoir, d’exercer tous les droits politiques et de remplir toutes les fonctions auxquelles les peut appeler la confiance de leurs concitoyens. Le dernier homme du peuple, le plus pauvre, le plus ignorant, peut et doit exercer tous ces droits et remplir toutes ces fonctions : peut-on s’imaginer une égalité plus large que celle-là ? Oui, il le doit, il le peut légalement ; mais en réalité, cela lui est impossible. Ce pouvoir n’est que facultatif pour les hommes qui font partie des masses populaires, mais il ne pourra jamais devenir réel pour eux à moins d’une transformation radicale des bases économiques de la société, — disons le mot, à moins d’une révolution sociale. Ces prétendus droits politiques exercés par le peuple ne sont donc qu’une vaine fiction.

Nous sommes las de toutes les fictions, tant religieuses que politiques. Le peuple est las de se nourrir de fantômes et de fables. Cette nourriture n’en-