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absolu des seigneurs féodaux, qui, bénis et protégés par l’Église, comme les rois et souvent même contre les rois, faisaient procéder leurs droits directement de la grâce divine ; et par là même elle donna un essor nouveau à l’émancipation de la classe bourgeoise, lentement préparée, à son tour, pendant les deux siècles qui avaient précédé cette révolution religieuse, par le développement successif des libertés communales, et par celui du commerce et de l’industrie qui en avait été en même temps la condition et la conséquence nécessaire.

De cette révolution sortit une nouvelle |2 puissance, non encore celle de la bourgeoisie, mais celle de l’État, monarchique, constitutionnel et aristocratique en Angleterre, monarchique, absolu, nobiliaire, militaire et bureaucratique sur tout le continent de l’Europe, moins deux petites républiques, la Suisse et les Pays-Bas.

Laissons, par politesse, ces deux républiques de côté, et occupons-nous des monarchies. Examinons les rapports des classes, leur situation politique et sociale après la Réformation.

À tout seigneur tout honneur, commençons donc par celle des prêtres ; et sous ce nom de prêtres je n’entends pas seulement ceux de l’Église catholique, mais aussi les ministres protestants, en un mot tous les individus qui vivent du culte divin et qui nous vendent le Bon Dieu tant en gros qu’en détail. Quant aux différences théologiques qui les séparent, elles sont si subtiles et en même temps si absurdes,