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la haute et une partie de la moyenne bourgeoisie, la Consorteria de l’Italie méridionale, en a également tiré un incontestable profit. Mais la partie la plus considérable de la moyenne bourgeoise, toute la petite bourgeoisie, les petits propriétaires des campagnes, et le prolétariat des campagnes et des villes, — c’est-à-dire la grande masse de la population, — datent, les uns, le commencement, et les autres l’augmentation de leur misère de cette époque mémorable.

Amoureux de la grande unité italienne, de la puissance et de la gloire de l’État italien, et serviteur fidèle de la monarchie, Garibaldi n’est donc proprement pas un révolutionnaire. Il ne l’est devenu quelquefois que par indignation et par impatience. Il est trop jaloux de l’honneur de son pays pour ne pas avoir ressenti des mouvements de colère et d’indignation en présence des complaisances honteuses du gouvernement italien et de sa fatale soumission aux conseils, pour ne point dire aux ordres, de son dangereux bienfaiteur, l’empereur Napoléon III. Et lorsque cette complaisance et |36 cette soumission sont allées — comme elles ne pouvaient manquer de le faire — jusqu’à l’ajournement indéfini des grandes destinées italiennes, jusqu’à la renonciation à la conquête de Rome, la Ville éternelle, Garibaldi s’est révolté.

Il a essuyé, il a fait essuyer à tout son parti deux horribles défaites. Mais il est tellement enchaîné par son passé de dix ans, il est si fort engoué de ses