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Oui, je l’avoue à ma confusion, j’ai fait partie de cette Ligue bourgeoise, et pendant tout un an j’ai eu la sottise de ne point désespérer de sa conversion aux principes du socialisme.

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J’étais à Naples, lorsqu’arriva jusqu’à moi le premier bruit d’un Congrès démocratique et international de la paix, qui devait se réunir en septembre 1867 à Genève.

J’avais passé quatre ans à peu près en Italie, où je fus le témoin du premier développement, très lent et d’abord confus, il est vrai, mais néanmoins très décidément progressif, des aspirations, des instincts et des idées socialistes.

Nulle part on ne peut aussi bien étudier qu’en Italie le néant du vieux principe de la révolution exclusivement politique, et la décadence de la bourgeoisie, cette représentante exclusive des idées de 89 et de 93 et de ce qu’on appelle encore aujourd’hui le patriotisme révolutionnaire.

Sortie d’une révolution nationale victorieuse, rajeunie, triomphante, ayant d’ailleurs la fortune si rare de posséder un héros et un grand homme, Garibaldi et Mazzini, l’Italie, cette patrie de l’intelligence et de la beauté, devait, paraissait-il, surpasser en peu d’années toutes les autres nations en prospérité et en grandeur. Elle les a surpassées toutes en misère.