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sciemment, méchamment, en m’accusant du contraire ; et il y ajoute un autre mensonge ridicule au sujet des tentatives que, selon lui, j’aurais faites pour transférer le Conseil général de Londres à Genève. Personne ne le lui a dit, personne n’a pu le lui dire[1], parce que j’aurais été le premier à combattre avec toute l’énergie possible une telle mesure, si on l’avait proposée, tant elle me paraîtrait fatale pour l’avenir de l’Internationale.

Les sections genevoises ont fait, il est vrai, en très peu de temps d’immenses progrès. Mais il règne

  1. Quelqu’un avait pu dire cette absurdité à Moritz Hess : c’est Karl Marx. Dans sa Confidentielle Mittheilung (Communication confidentielle) du 28 mars 1870, Marx a écrit : « Bakounine chercha à atteindre son but, transformer l’Internationale en son instrument personnel, d’une autre façon. Il fit proposer au Conseil général, par le Comité romand de Genève, de placer la question de l’héritage dans le programme du Congrès de Bâle. Le Conseil général y consentit, afin de pouvoir assommer Bakounine d’un coup décisif. Le plan de Bakounine était celui-ci : Le Congrès de Bâle ayant adopté les principes proclamés par Bakounine, le Conseil général de Londres (dont l’opposition à cette exhumation de la vieillerie saint-simoniste était connue de Bakounine) doit céder la place, et le Congrès de Bâle transférera le Conseil général à Genève, c’est-à-dire que l’Internationale tombera sous la dictature de Bakounine… Le résultat du Congrès de Bâle est connu : les propositions de Bakounine ne furent pas adoptées, et le Conseil général resta à Londres. »
    Dès le commencement d’août 1869, pour des raisons d’un ordre absolument privé (une grossesse de sa femme qu’il venait d’apprendre), Bakounine avait pris la décision de quitter Genève après le Congrès de Bâle, pour se retirer dans le Tessin : il était donc bien éloigné de penser à faire transférer le Conseil général à Genève et à établir par ce moyen sa dictature dans l’internationale. Et à quoi devait-il s’occuper dans sa retraite ? à traduire en russe le Kapital de Marx.