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les démocrates bourgeois d’Allemagne dans la grande assemblée populaire de Vienne, les Congrès de Hambourg[1] et de Nuremberg[2], et surtout celui de Bruxelles, ont forcé leur intelligence doctrinaire et rebelle. Sourds et aveugles par intérêt, par position et par habitude, ils commencent aujourd’hui à entendre, à voir. Ils ont enfin compris que l’avènement du socialisme est désormais un fait inévitable ; que c’est le Fatum du siècle dans lequel nous vivons. Et voilà pourquoi ils sont devenus socialistes.

Mais comment le sont-ils devenus ? — Ils ont inventé un socialisme à eux, très ingénieux, ma foi, et qui a pour but de conserver à la classe bourgeoise tous les avantages de l’organisation sociale actuelle, et aux travailleurs — la misère. Ce ne serait pas même la peine d’en parler, si ces nouveaux socialistes bourgeois, profitant de l’avantage que leur donnent leur position sociale et leurs moyens pécuniaires, naturellement plus puissants que les nôtres, aussi bien que l’organisation de leur Ligue et la protection des pouvoirs officiels dans beaucoup de pays, ne s’étaient pas mis en campagne pour tromper la conscience des sociétés ouvrières, en Allemagne surtout. — Nous devons les combattre, et, si la

  1. Le Congrès de l’Association lassallienne (Allgemeiner deutscher Arbeiterverein), les 22-26 août 1868.
  2. (2 Le cinquième Congrès du Verband deutscher Arbeiter-vereine, dont le Comité central avait pour président Auguste Bebel, les 5 et 7 septembre 1868. À la suite de ce Congrès se constitua un parti ouvrier socialiste distinct de celui qu’avait fondé Lassalle, et qui adopta pour organe le journal de Liebknecht, le Demokratisches Wochenblatt.