Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/263

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voyages en emportant avec vous votre civilisation et vos mœurs bourgeoises, votre droit romain et votre cher gouvernement allemand régulier, politiquement très despote, il est vrai, mais en même temps économiquement si propice aux développements de la bourgeoisie. Voilà pourquoi, tout en maugréant contre le gouvernement encore plus allemand que tartare de Saint-Pétersbourg, vous |8 craignez tant que nous le détruisions.

Eh bien, Messieurs les bourgeois juifs et allemands, venez en Russie, vous serez les bienvenus. Dans cet immense pays, il y aura de la place pour tout le monde. Mais en venant chez nous, renoncez à l’espoir de nous imposer vos gouvernements réguliers et votre civilisation bourgeoise. Nous n’en voulons pas, et le peu qu’on nous en a importé de chez vous, nous allons le détruire.

Cette haute culture dont les Allemands se prévalent, et que le journalisme allemand nous reproche de ne point respecter, nous la méprisons en effet ; car nous la jugeons par ses œuvres, et elle n’a produit qu’un peuple esclave et une foule de littérateurs et de politiciens pareils à M. Maurice Hess. Nous n’avons plus de respect pour votre civilisation bourgeoise, que nous avions jadis la stupidité d’admirer et qui s’étale aujourd’hui devant nous dans toute sa honteuse impuissance. Oui, s’il n’y avait en Europe, au-dessous de ce monde bourgeois qui pourrit, un prolétariat immense capable de rajeunir et de raviver le monde européen, — un prolétariat