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naises ? — Pour constater enfin le degré de la civilisation politique et du respect de l’humanité dans les pays les plus civilisés en Europe, rappelons-nous les crimes commis, à Paris, par la bourgeoisie d’abord et par la soldatesque plus tard, en Juin et en Décembre[1].

Mais, répétera-t-on encore une fois, les autres peuples se sont assis, ils ont trouvé leurs limites naturelles, tandis que le peuple russe, se trouvant encore à l’état de barbarie, menace d’envahir l’Europe. — Et encore une fois je répète : C’est un mensonge qui dénote ignorance et mauvaise foi. Le mouvement naturel des peuples russes les a toujours poussés vers l’Orient, jamais vers l’Occident, et ce n’est que l’organisation despotique et tout artificielle d’un État qui, par son esprit, est tartare et allemand, mais nullement russe, et qui s’est fait un marchepied de ces peuples, c’est elle qui pousse non les masses populaires, — elle en serait incapable, — mais les armées, organisées et disciplinées selon la méthode allemande, à la |7 conquête de l’Europe, Donc il faut détruire l’Empire de Russie ? Sans doute, il faut le détruire. Nous ne voulons et nous ne demandons que cela.

Mais voilà que les journaux allemands se prennent tout à coup d’une grande tendresse pour ce gouvernement, pour cet empire qu’ils maudissaient tout à l’heure. « Ce gouvernement, disent-ils, c’est encore

  1. Bakounine écrivait ceci dix-neuf mois seulement avant le massacre de mai 1871.