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lumière qu’ils empruntent à leurs maîtres, ne vivent que des bribes de leur pensée qu’ils revendent en détail. Perdus derrière les coulisses du journalisme allemand, ils le dirigent collectivement, et l’ont transformé en une arène où les misérables combats des |4 vanités littéraires se mêlent à l’injure et aux personnalités les plus dégoûtantes. Privés de tout sens moral et de toute dignité personnelle, ils cherchent leur esprit dans la boue, et se sont fait de la calomnie un amusement quotidien, un passe-temps.

Tel est le guêpier, Messieurs, dont j’ai eu l’infortune d’attirer sur moi les fureurs. Comment l’ai-je fait ? Par quel acte malencontreux ai-je mérité cette disgrâce ? Je l’ignore. Tout ce que je puis vous dire, c’est que je ne suis pas le seul, c’est toute l’émigration russe, c’est, après moi, mon ami Alexandre Herzen surtout qui est l’objet de leurs attaques furibondes : j’en conclus que ces attaques ne s’adressent pas tant aux personnes qu’à la nationalité, et qu’il suffit d’être Russe pour mériter leurs insultes.

Que leur ont fait les Russes ? Je conçois qu’on déteste le gouvernement russe, l’Empire de toutes les Russies, car en effet il n’y a jamais eu au monde ni de gouvernement ni d’empire plus détestables. Je l’ai d’ailleurs plusieurs fois répété : l’Empire russe ne paraît si infâme et n’est en réalité si brutal que parce qu’il fait avec une cynique franchise ce que tous les autres États font hypocritement. « En Europe, — ai-je ajouté dans mon discours au