Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/200

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nées de Juin, maudissait et insultait, à l’unanimité moins une voix, l’illustre et on peut bien dire l’héroïque socialiste Proudhon[1], qui seul avait eu le courage de jeter le défi du socialisme à ce troupeau enragé de bourgeois conservateurs, libéraux et radicaux. Et il ne faut pas oublier que parmi ces insulteurs de Proudhon il y a une quantité de citoyens encore vivants, et aujourd’hui plus militants que jamais, et qui, auréolés par les persécutions de Décembre, sont devenus depuis les martyrs de la liberté.

Donc il n’y a point de doute que la bourgeoisie tout entière, y compris la bourgeoisie radicale, n’ait été proprement la créatrice du despotisme césarien et militaire dont elle déplore aujourd’hui les effets. Après s’en être servie contre le prolétariat, elle voudrait s’en délivrer à cette heure. Rien de plus naturel : ce régime l’humilie et la ruine. Mais comment s’en délivrer ? Jadis elle était courageuse et puissante, elle avait la puissance des conquêtes. Aujourd’hui elle est lâche et débile, elle est affligée de l’impuissance des vieillards. Elle ne reconnaît que trop bien sa faiblesse, elle sent qu’à elle seule elle ne peut rien. Il lui faut donc un aide. Cet aide ne peut être que le prolétariat : donc il faut gagner le prolétariat.

  1. Séance du 31 juillet 1848. — Le Progrès du Locle avait publié, dans son numéro du 17 avril 1869, des extraits du compte-rendu sténographique de cette séance de l’Assemblée constituante de 1848.