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horreur de l’égalité sociale réelle, c’est-à-dire de l’égalité politique, sociale et économique à la fois ; si, dans le fond de leur âme, ils veulent garder pour eux-mêmes, pour leur classe ou pour leurs enfants, un seul privilège, ne fût-ce que celui de l’intelligence, comme le font aujourd’hui beaucoup de socialistes bourgeois ; s’ils ne détestent, non-seulement de toute la logique de leur esprit, mais encore de toute la puissance de leur passion, l’ordre de choses actuel, — alors on peut être certain qu’ils resteront des réactionnaires, des ennemis de la cause ouvrière toute leur vie. Il faut les tenir loin de l’Internationale.

Il faut les en tenir bien loin, car ils ne pourraient y entrer que pour la démoraliser et pour la détourner de sa voie. Il est d’ailleurs un signe infaillible auquel les ouvriers peuvent reconnaître si un bourgeois qui demande à être reçu dans leurs rangs vient à eux franchement, sans l’ombre d’hypocrisie et sans la moindre arrière-pensée. Ce signe, ce sont les rapports qu’il a conservés vis-à-vis du monde bourgeois.

L’antagonisme qui existe entre le monde ouvrier et le monde bourgeois prend un caractère de plus en plus prononcé. Tout homme qui pense sérieusement et dont les sentiments et l’imagination ne sont point altérés par l’influence souvent inconsciente de sophismes intéressés, doit comprendre aujourd’hui qu’aucune réconciliation entre eux n’est possible. Les travailleurs veulent l’égalité, et