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comme celui de l’Internationale, en faire une condition absolue d’entrée dans cette association, ce serait vouloir organiser une secte, non une association universelle ; ce serait tuer l’Internationale.

Il y a eu encore une autre raison qui a fait éliminer d’abord du programme de l’Internationale, en apparence du moins et seulement en apparence toute tendance politique.

Jusqu’à ce jour, depuis le commencement de l’histoire, il n’y a pas eu encore de politique du peuple, — et nous entendons par ce mot le bas peuple, la canaille ouvrière qui nourrit le monde de son travail ; il n’y a eu que la politique des classes privilégiées, de ces classes se sont servies de la puissance musculaire du peuple pour se détrôner mutuellement, et pour se mettre à la place l’une de l’autre. Le peuple à son tour n’a jamais pris parti pour les unes contre les autres que dans le vague espoir qu’au moins l’une de ces révolutions politiques, dont aucune n’a pu se faire sans lui, apporterait quelque soulagement à sa misère et à son esclavage séculaires. Il s’est toujours trompé. Même la grande Révolution française l’a trompé. Elle a tué l’aristocratie nobiliaire et a mis à sa place la bourgeoisie. Le peuple ne s’appelle plus ni esclave ni serf, il est proclamé né libre en droit, mais dans le fait son esclavage et sa misère restent les mêmes.

Et ils resteront toujours les mêmes tant que les masses populaires continueront de servir d’instru-