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tendraient nécessairement à s’entredétruire et finiraient même par le faire, s’il n’y avait au-dessus d’elles la despotique volonté de la divine Providence, qui « les mène pendant qu’elles s’agitent », et qui, les anéantissant toutes à la fois, impose à cette humaine confusion l’ordre divin.

Aussi voyons-nous tous les adhérents du principe du libre arbitre poussés fatalement par la logique à reconnaître l’existence et l’action d’une divine Providence. C’est la base de toutes les doctrines théologiques et métaphysiques, un système magnifique qui a longtemps réjoui la conscience humaine, et qui, au point de vue de la réflexion abstraite ou de l’imagination religieuse et poétique, vu de loin, semble en effet plein d’harmonie et de grandeur. Il est malheureux seulement que la réalité historique qui a correspondu à ce système ait toujours été affreuse, et que le système lui-même ne puisse supporter la critique scientifique.

En effet, nous savons que tant que le droit divin a régné sur la terre, l’immense majorité des hommes a été brutalement et impitoyablement exploitée, tourmentée, opprimée, décimée ; nous savons qu’encore aujourd’hui c’est toujours au nom de la divinité théologique ou métaphysique qu’on s’efforce de retenir les masses populaires dans l’esclavage ; et il n’en peut être autrement, car, du moment qu’il est une divine volonté qui gouverne le monde, qui gouverne la nature et la société, la liberté humaine est absolument annulée. La volonté de l’homme est