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Membres de l’Association internationale des travailleurs, nous voulons l’égalité, et, parce que nous la voulons, nous devons vouloir aussi l’instruction intégrale, égale pour tout le monde.

Mais si tout le monde est instruit, qui voudra travailler ? demande-t-on. Notre réponse est simple : Tout le monde doit travailler, et tout le monde doit être instruit. À ceci, on répond fort souvent que ce mélange de travail industriel avec le travail intellectuel ne pourra avoir lieu qu’au détriment de l’un et de l’autre : les travailleurs manuels feront de mauvais savants, et les savants ne seront jamais que de bien tristes ouvriers. Oui, dans la société actuelle, où le travail manuel et le travail de l’intelligence sont également faussés par l’isolement tout artificiel auquel on les a condamnés tous les deux. Mais nous sommes convaincus que dans l’homme vivant et complet, chacune de ces deux activités, musculaire et nerveuse, doit être également développée, et que, loin de se nuire mutuellement, chacune doit appuyer, élargir et renforcer l’autre : la science du savant deviendra plus féconde, plus utile et plus large quand le savant n’ignorera plus le travail manuel, et le travail de l’ouvrier instruit sera plus intelligent et par conséquent plus productif que celui de l’ouvrier ignorant.

D’où il suit que, dans l’intérêt même du travail aussi bien que dans celui de la science, il faut qu’il n’y ait plus ni ouvriers, ni savants, mais seulement des hommes.