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ou tard par la propagande socialiste, et qui, poussées, l’une, par la force même des choses et par les nécessités de sa position actuelle, l’autre par un tempérament généreux, devront prendre part sans nul doute avec nous à la destruction des iniquités présentes et à l’édification du monde nouveau.

Nous voulons parler de la toute petite bourgeoisie et de la jeunesse des écoles et des universités. Dans un autre article nous traiterons particulièrement la question de la petite bourgeoisie[1]. Disons aujourd’hui quelques mots de la jeunesse bourgeoise.

Les enfants des bourgeois héritent, il est vrai, le plus souvent des habitudes exclusives, des préjugés étroits et des instincts égoïstes de leurs pères. Mais tant qu’ils restent jeunes, il ne faut point désespérer d’eux. Il est dans la jeunesse une énergie, une largeur d’aspirations généreuses et un instinct naturel de justice, capables de contrebalancer bien des influences pernicieuses. Corrompus par l’exemple et par les préceptes de leurs pères, les jeunes gens de la bourgeoisie ne le sont pas encore par la pratique réelle de la vie ; leurs propres actes n’ont pas encore creusé un abîme entre la justice et eux-mêmes, et, quant aux mauvaises traditions de leurs pères, ils en sont sauvegardés quelque peu par cet esprit de contradiction et de protestation naturelles dont les

  1. Bakounine n’a pas écrit un article spécial sur la petite bourgeoisie ; mais dans le premier article sur l’Instruction intégrale (p. 134) il a montré comment la petite et la moyenne bourgeoisies sont destinées à se perdre un jour dans le prolétariat.