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prononcé par M. Coullery, à la séance du 5 juillet de la section de la Chaux-de-Fonds[1], prouve son intention formelle de rendre cette section solidaire de sa politique réactionnaire. Qu’est-ce qu’on en doit conclure ? C’est que M. Coullery ne s’est tant préoccupé de l’Association internationale des travailleurs et qu’il ne s’est donné tant de peine à former de nouvelles sections dans les Montagnes que pour en faire à la fois un piédestal pour sa propre personne et un instrument pour la réaction.

M. Coullery se trompe. L’Internationale est plus forte que lui et tous ses amis aristocrates et mômiers pris ensemble. Leurs intrigues pourront bien en troubler une très petite partie, à la surface, un instant, — mais il n’en paraîtra plus rien le lendemain.

(Égalité du 24 juillet 1869.)


IV
Le jugement de M. Coullery[2].

L’Association internationale des travailleurs a une loi fondamentale à laquelle chaque section et

  1. Voir p. 82.
  2. Ce titre est une allusion à une manœuvre de Coullery. Après avoir soigneusement évité de se présenter au meeting du Crêt-du-Locle le 30 mai, et de se rencontrer avec Bakounine le lendemain, Coullery, au bout d’un mois, imagina de demander à être mis en jugement devant la section de la Chaux-de-Fonds : il adressa, dans la Montagne, à « ses accusateurs » — qu’il ne désignait pas nominativement — l’invitation d’avoir à se rendre, le lundi 5 juillet, à une séance de cette section, pour qu’elle prononçât entre eux et lui. Naturellement, les fidèles de Coullery assistèrent seuls à la séance, où ils firent une ovation à leur chef. Dans son numéro du 10 juillet, le Progrès du Locle mentionna en ces termes cette mise en scène, qui ne donna le change à personne :
    « Nous n’avons pas à nous occuper du ménage intérieur de la section internationale de la Chaux-de-Fonds : aussi n’entretiendrons-nous pas les lecteurs du Progrès du petit mélodrame que M. Coullery a jugé à propos d’y jouer l’autre jour. Cette demande de jugement, cette sommation de comparaître adressée par la voie de la Montagne à trois accusateurs dont nous ignorons les noms, cette apothéose décernée lundi soir (5 juillet) au héros de la farce, tout cela est du plus profond ridicule. »
    Dans ses articles de l’Égalité des 17 et 24 juillet, Bakounine, comme on l’a vu, a parlé du discours prononcé le 5 juillet à la Chaux-de-Fonds par Coullery.