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d’hui d’instrument contre l’Association internationale des travailleurs, dont il essaie d’ouvrir les portes à leur propagande corruptrice.

Voici ce qu’il écrit dans son Journal la Montagne, du 3 juillet[1], pour les recommander aux ouvriers de l’Internationale :

« Le parti conservateur ou libéral ne partage-t-il pas sur bien des points notre opinion ? Son journal, ses orateurs, ses écrivains, ne demandent-ils pas avec nous la séparation de l’Église et de l’État ? N’ont-ils pas, au Grand-Conseil, appuyé avec M. Coullery la suppression des privilèges[2], ainsi

  1. Remarquez que les rédacteurs principaux de ce journal sont, avec M. le Dr Coullery : M. Louis Jeanrenaud (un mômier, qui, différent en cela de beaucoup d’autres, ne s’est jamais caché de l’être, et que tout le monde connaît, à la Chaux-de-Fonds, à Neuchâtel et au Locle comme l’un des membres les plus zélés et les plus fanatiques de cette secte anti-rationnelle, anti-libérale, anti-socialiste et anti-humanitaire), M. Edouard Perrochet et M. Henri Dupasquier, représentants tous les deux de l’ancien parti royaliste. On conçoit que, dans un tel entourage, M. Coullery, avec tout son amour de la liberté, n’est pas libre. Car ces derniers, qui savent fort bien ce qu’ils veulent, n’auraient pas accepté M. Coullery, s’il ne leur avait pas donné des gages de sa fidélité, et s’ils n’espéraient pas pouvoir se servir de lui pour atteindre leur but. Force est donc à M. Coullery de conformer ses actes à leur volonté et de n’écrire dans le journal que ce qu’ils veulent bien lui permettre. Ils en recueillent l’utilité, lui la gloire. (Note de Bakounine.)
  2. Il s’agit, non pas, comme on pourrait le croire, de ces privilèges qui constituent l’aristocratie et la bourgeoisie à l’état de classe privilégiée au détriment du prolétariat, mais d’un simple détail de la législation neuchâteloise sur les faillites. Coullery avait écrit à ce sujet (Voix de l’Avenir du 26 mai 1867) : « Nous demandons la destruction de tout privilège. Nous désirons que, dans une faillite, il n’y ait aucun créancier privilégié, excepté le créancier hypothécaire, parce que ce genre de créance est un contrat stipulé entre deux parties. »