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égayé et cherchant à se consoler par les contes bleus de la religion et par d’autres fictions parlant d’amour. C’est encore aujourd’hui la patrie idéale de toutes les âmes romanesques et sentimentales, de tous les esprits faussés et corrompus par le spiritualisme.

Peut-on en vouloir à M. Coullery de ce qu’il n’a point préféré la première voie à la seconde ? Nous ne le pensons pas ; ce serait injuste, car à la fin des comptes chacun se laisse déterminer par sa propre nature. En prenant parti pour la réaction contre la révolution, M. Coullery n’a fait qu’obéir à la sienne.

Nos reproches ne s’adressent donc pas à la résolution que M. Coullery, dans son for intérieur, a cru devoir prendre en sortant du parti radical, — ceci ne nous regarde pas, — mais à la position tout à fait équivoque dans laquelle il s’est placé depuis, vis-à-vis du parti de la démocratie socialiste, vis-à-vis de l’Association internationale des travailleurs. Ce que nous lui reprochons, c’est un grand défaut de sincérité et de vérité. Comme la plupart des hommes religieux, il croit sans doute que, pour le propre bien des hommes, il peut être souvent utile de les tromper, et qu’on ne doit la vérité pure, la vérité tout entière, qu’à Dieu seul. Cela peut être encore une conviction légitime, en tant qu’individuelle ; elle est depuis longtemps professée et mise en pratique par les jésuites aussi bien que par les mômiers, et nous ne l’aurions pas attaquée dans la personne de M. Coullery, si M. Coullery ne voulait