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mais pour le droit de chacun de professer les siennes ; et plus un homme y met d’honnêteté et de franchise, plus il nous paraît estimable.

M. Coullery, après avoir été un fougueux radical, s’est séparé du radicalisme. C’était son droit. Ce pauvre radicalisme, après avoir rendu au monde des services incontestables, se voit abandonné aujourd’hui de tous les hommes vivants. M. Coullery, vivant, sinon par la pensée, au moins par l’imagination, l’a quitté comme les autres ; le tout est donc de savoir quel chemin il a pris, après en être sorti. Il avait à choisir entre deux voies.

D’un côté, c’était la grande voie de l’avenir : celle de la grande Liberté, universelle et unique, de l’émancipation complète du prolétariat par l’égalisation économique et sociale de tous les hommes sur la terre. C’était le monde nouveau, un océan sans limites. C’était la Révolution sociale.

De l’autre, c’étaient les sentiers romantiques et pittoresques d’un passé à la fois mystique et brutal. C’étaient l’Église, la monarchie et l’aristocratie bénies et consacrées par l’Église, les privilèges bourgeois, la séparation des masses ouvrières en corps de métiers, — beaucoup de petites libertés bien restreintes, absence de la Liberté. Le règne de la violence, une réalité bien cynique, mais enveloppée dans un nuage de mysticisme divin qui dérobait en partie ses monstruosités quotidiennes et lui prêtait une fausse apparence de grandeur. C’était enfin le monde de la brutalité triomphante, mais