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clarant que la liberté politique est la condition préalable de l’émancipation économique, détruit complètement la valeur pratique de cette reconnaissance de principe. Il ne peut signifier que ceci :

« Ouvriers, vous êtes les esclaves, les victimes de la propriété et du capital. Vous voulez vous émanciper de ce joug économique. C’est fort bien, et vos vœux sont parfaitement légitimes. Mais pour les réaliser, il faut que vous nous aidiez d’abord à faire la révolution politique. Plus tard nous vous aiderons à faire la révolution sociale. Laissez-nous d’abord établir, par la force de vos bras, l’État démocratique, une bonne démocratie bourgeoise comme en Suisse, et ensuite… — ensuite nous vous donnerons un bien-être égal à celui dont les ouvriers jouissent en Suisse. » (Voir les grèves de Genève et de Bâle.)

Pour se convaincre que cette aberration incroyable exprime parfaitement les tendances et l’esprit du Parti de la démocratie socialiste allemande, — en tant que programme, non en tant qu’aspirations naturelles des ouvriers allemands qui le composent, — il n’y a qu’à bien étudier l’article III, où se trouvent énumérées toutes les demandes immédiates et premières (die nächsten Forderungen) qui doivent être posées par l’agitation pacifique et légale |117 du parti. Toutes ces demandes, moins la dixième, qui n’avait pas même été proposée par les auteurs du programme, mais qui y a été ajoutée plus tard, au milieu de la discussion, à la suite d’une proposition faite par un membre du Congrès d’Eisenach, —