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toute population qui se serait même librement alliée avec une autre le droit de rompre le contrat, après avoir satisfait à tous les engagements temporaires et limités qu’elle aurait contractés : ce droit étant fondé sur ce principe, condition essentielle de la liberté, que le passé ne doit pas et ne peut pas lier le présent, comme le présent ne saurait jamais engager l’avenir, et que le droit souverain réside toujours dans les générations présentes ;

« 3° Reconnaissance du droit de sécession pour les individus aussi bien que pour les associations, les communes, les provinces et les nations ; à cette seule condition que, par une nouvelle alliance avec une puissance étrangère, hostile et menaçante, la partie sortante ne mette pas en danger l’indépendance et la liberté de la |114 partie qu’elle délaisse ?

« Voilà les vraies, les seules conditions de la justice et de la liberté. Nos amis allemands veulent-ils les accepter aussi franchement que nous les acceptons ? Et, pour tout dire, veulent-ils avec nous la destruction de l’État, de tous les États ?

« Messieurs, là est toute la question. Car qui dit État, dit violence, oppression, exploitation, injustice, érigées en système et devenues autant de conditions fondamentales de l’existence même de la société. L’État, messieurs, n’a jamais eu et ne pourra jamais avoir de morale. Sa morale à lui et sa seule justice, c’est l’intérêt suprême de sa conservation et de sa toute-puissance, intérêt devant lequel tout ce qui est humain doit plier. L’État est la négation