Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gramme fondamental de l’Association internationale. Le Parti de la démocratie socialiste veut l’institution |108 de l’État populaire libre. Ces deux derniers mots, populaire et libre, sonnent bien, mais le premier mot, l’État, doit sonner mal aux oreilles d’un vrai socialiste révolutionnaire, d’un ennemi résolu et sincère de toutes les institutions bourgeoises, sans en excepter une seule ; il se trouve en contradiction flagrante avec le but même de l’Association internationale, et détruit absolument le sens des deux mots qui le suivent : populaire et libre.

Qui dit Association internationale des travailleurs dit négation de l’État, tout État devant nécessairement être un État national. Ou bien les auteurs du programme entendraient-ils l’État international, l’État universel, ou au moins, dans un sens plus restreint, l’État qui embrasserait tous les pays de l’Europe occidentale où existe, pour me servir de l’expression favorite des socialistes allemands, « la société ou la civilisation moderne », c’est-à-dire la société où le capital, devenu l’unique commanditaire du travail, se trouve concentré entre les mains d’une classe privilégiée par l’État, la bourgeoisie, et grâce à cette concentration réduit les travailleurs à l’esclavage et à la misère ? Les chefs du Parti de la démocratie socialiste tendraient-ils à l’institution d’un État qui embrasserait tout l’Occident de l’Europe, l’Angleterre, la France, l’Allemagne, tous les pays Scandinaves, les pays slaves soumis à l’Au-