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déficit qui s’élargit toujours davantage. La banqueroute frappe à la porte de l’État. La déconsidération règne en maîtresse dans la société politique et civile, les malversations de toute sorte sont devenues le pain quotidien. Il n’y a plus ni foi, ni bonne foi. Victor-Emmanuel se sent entraîné avec son suzerain, Napoléon III, dans l’abîme. On n’attend que le signal d’une révolution en France, l’initiative révolutionnaire de la France, pour commencer la révolution en Italie.

Par quoi cette révolution commencera, est indifférent. Probablement par cette éternelle question de Rome. Mais toute révolution italienne, quels que soient la nature et le prétexte de son début, tournera nécessairement et bientôt en une immense révolution sociale, car la question béante, dominante, réelle, la question qui se cache derrière toutes les autres, c’est la misère horrible et l’esclavage du prolétariat. Voilà ce que savent, aussi bien que le gouvernement, tous les hommes et tous les partis politiques en Italie. Et c’est à cause de cela même que les libéraux et les républicains italiens hésitent. Ils craignent cette Révolution sociale qui menace de les engloutir.

Et pourtant je n’ai point classé l’Italie parmi les pays où le socialisme, ayant conscience de lui-même, se trouve organisé. Cette conscience et bien plus encore cette organisation manquent absolument aux ouvriers et naturellement encore plus aux paysans italiens. Ils sont socialistes comme le bour-