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réveillez seulement l’instinct profondément socialiste qui dort à demi éveillé dans le cœur de chaque paysan italien ; renouvelez, dans toute l’Italie, seulement avec un but révolutionnaire, la propagande que le cardinal Ruffo avait faite en Calabre, à la fin du siècle dernier ; jetez seulement ce cri : La terre à qui travaille la terre de ses bras ! et vous verrez si tous les paysans italiens ne se lèveront pas pour faire la Révolution sociale ; et si les prêtres veulent s’y opposer, ils tueront les prêtres.

Le mouvement tout à fait spontané des paysans italiens l’an passé, mouvement provoqué par la loi qui a frappé d’un impôt la mouture des blés, a donné la mesure du socialisme révolutionnaire naturel des paysans italiens. Ils ont battu des détachements de troupes régulières, et, lorsqu’ils venaient en masse dans les villes, ils commençaient toujours par brûler toute la paperasse officielle qui leur tombait sous la main.

|101 L’Italie se trouve incontestablement à la veille d’une révolution. Le gouvernement de Victor-Emmanuel, tous ces ministères qui se sont succédé, les uns plus voleurs, plus lâches, plus coquins que les autres, l’ont si bien gouvernée qu’elle se voit réduite aujourd’hui à un état politique et financier tout à fait impossible. Le crédit de l’État, du gouvernement, du parlement lui-même, de tout ce qui constitue le monde officiel, est ruiné. L’industrie et le commerce sont ruinés. Les impôts toujours grossissants écrasent le pays, sans parvenir à combler le