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cet ennemi éternel de l’État, se réveille si facilement dans leurs cœurs lorsqu’ils ne sont pas suffisamment abrutis, que ni cette éducation, ni cette instruction, ni même cette censure, ne garantissent suffisamment la tranquillité de l’État. Il lui faut encore une police, des agents dévoués qui surveillent et dirigent, secrètement et sans que cela paraisse, le courant de l’opinion et des passions populaires. Nous avons vu que M. Marx lui-même est tellement convaincu de cette nécessité, qu’il a cru devoir remplir de ses agents secrets toutes les régions de l’Internationale, et surtout l’Italie, la France et l’Espagne.

|53 Enfin, quelque parfaite que soit, au point de vue de la conservation de l’État, l’organisation de l’éducation et de l’instruction populaires, de la censure et de la police, l’État ne peut être sûr de son existence tant qu’il n’a point, pour le défendre contre les ennemis de l’intérieur, contre le mécontentement des populations, une force armée. L’État, c’est le gouvernement de haut en bas d’une immense quantité d’hommes très divers au point de vue du degré de leur culture, de la nature des pays ou des localités qu’ils habitent, de leur position, de leurs occupations, de leurs intérêts et de leurs aspirations, par une minorité quelconque ; cette minorité, fût-elle mille fois élue par le suffrage universel et contrôlée dans ses actes par des institutions populaires, à moins qu’elle ne soit douée de l’omniscience, de l’omniprésence et de la toute-puissance que les théologiens attribuent à leur Dieu, il est impossible