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ner la liberté, le loisir et le pain ; et ils font maintenant des meetings dans toutes leurs cités pour forcer leur roi d’envoyer ses soldats contre le pape ; comme si ce roi et ces soldats, aussi bien que cette bourgeoisie qui les pousse, les deux premiers protecteurs officiels, et la dernière exploiteuse privilégiée du droit de propriété, n’étaient point les causes principales, immédiates, de leur misère et de leur esclavage !

Ces préoccupations exclusivement politiques et patriotiques sont très généreuses, sans doute, de leur part. Mais il faut avouer en même temps qu’elles sont bien stupides.

Il est un point de vue, pourtant, qui légitime, dans une certaine mesure, cette tendance des ouvriers italiens de marcher sur Rome, la ville éternelle étant la capitale du despotisme intellectuel et moral, la résidence du pape infaillible. Depuis des siècles, et non sans beaucoup de raison, toutes les villes italiennes considèrent le pouvoir et l’action catholique du pape comme l’une des raisons constantes et fondamentales de leurs malheurs et de leur esclavage, et elles veulent en finir avec lui. C’est une de ces tendances impérieuses, historiques, contre lesquelles aucun raisonnement, si juste qu’il soit, ne peut prévaloir, et il faut peut-être aux ouvriers italiens une nouvelle expérience historique, une nouvelle désillusion amère, pour qu’ils ouvrent enfin les yeux, pour qu’ils comprennent qu’en envoyant les soldats d’un roi contre le pape,