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patriote. Comme M. de Bismarck, quoique par des voies quelque peu différentes, et comme beaucoup d’autres de ses compatriotes, socialistes ou non socialistes, il veut l’établissement d’un grand État germanique pour la gloire du peuple allemand et pour le bonheur, pour la civilisation, volontaire ou forcée, du monde. La réalisation de ce but a rencontré trois obstacles : 1° la rivalité fatale des deux plus grands États germaniques, la Prusse et l’Autriche ; 2° la puissance jalouse de la France ; et 3° la puissance menaçante de l’Empire de toutes les Russies, qui se pose en protecteur des peuples slaves contre la civilisation allemande.

Les deux premiers obstacles ont été en partie écartés par la politique aussi habile que puissante de M. de Bismarck, L’Autriche, qui a eu ce grand tort aux yeux des patriotes clairvoyants de l’Allemagne de n’avoir point su germaniser complètement les peuples slaves soumis à son joug, et d’avoir permis, dès le second quart de ce siècle, à la pensée, à la langue, à la passion, à la revendication slaves |47 de se réveiller dans son sein, l’Autriche a définitivement succombé sous les coups des armées victorieuses de la Prusse. Elle ne s’en relèvera jamais, tout le monde le sent, tout le monde le voit. C’est en vain qu’elle cherche en elle-même de nouveaux équilibres, essayant de s’appuyer, tour à tour, tantôt sur les Magyars, tantôt sur les Slaves, tantôt et de nouveau sur ses chers Allemands, qui, la sentant périr, commencent à lui tourner le dos pour adorer