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bien de les louer et de les admirer lorsque, par leur nature, ils se montrent en opposition flagrante avec le but suprême |41 de l’histoire, avec l’idéal foncièrement humain qu’on retrouve, sous des formes plus, ou moins manifestes, dans les instincts, dans les aspirations populaires et sous les symboles religieux de toutes les époques, parce qu’il est inhérent à la race humaine, la plus sociable de toutes les races animales sur la terre. Ce but, cet idéal, aujourd’hui mieux conçus que jamais, peuvent se résumer en ces mots : C’est le triomphe de l’humanité, c’est la conquête et l’accomplissement de la pleine liberté et du plein développement matériel, intellectuel et moral de chacun, par l’organisation absolument spontanée et libre de la solidarité économique et sociale aussi complète que possible entre tous les êtres humains vivant sur la terre.

Tout ce qui dans l’histoire se montre conforme à ce but, du point de vue humain, — et nous ne pouvons pas en avoir d’autre, — est bon ; tout ce qui lui est contraire est mauvais. Nous savons d’ailleurs fort bien que ce que nous appelons bon et ce que nous appelons mauvais sont toujours l’un et l’autre des résultats naturels de causes naturelles, et que par conséquent l’un est aussi inévitable que l’autre. Mais comme, dans ce qu’on appelle proprement la nature, nous reconnaissons beaucoup de nécessités que nous sommes très peu disposés à bénir, par exemple la nécessité de mourir enragé lorsqu’on a été mordu par un chien enragé, de même, dans cette continuation