Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le permettre toutefois. Mais ni les écrivains, ni les philosophes, ni leurs ouvrages, ni enfin les journaux socialistes, ne constituent encore le socialisme vivant et puissant. Ce dernier ne trouve une réelle existence que dans l’instinct révolutionnaire éclairé, dans la volonté collective et dans l’organisation propre des masses ouvrières elles-mêmes, — et quand cet instinct, cette volonté et cette organisation font défaut, les meilleurs livres du monde ne sont rien que des théories dans le vide, des rêves impuissants.

Donc il est évident que, si la France se soumet à la Prusse, si dans ce moment terrible où se joue, avec tout son présent, son avenir tout entier, elle ne préfère pas la mort de tous ses enfants et la destruction de tous ses biens, l’incendie de ses villages, de ses villes et de toutes ses maisons, à l’esclavage sous le joug des Prussiens, si elle ne brise pas par la puissance d’un soulèvement populaire et révolutionnaire celle des armées allemandes |98 innombrables qui, victorieuses sur tous les points jusqu’ici, la menacent dans sa dignité, dans sa liberté et jusque dans son existence, si elle ne devient pas un tombeau pour tous ces six cent mille soldats du despotisme allemand, si elle ne leur oppose pas le seul moyen capable de les vaincre et de les détruire, dans les circonstances présentes, si elle ne répond pas à cet envahissement insolent par la Révolution sociale non moins impitoyable et mille fois plus menaçante, — il est certain, dis-je, qu’alors la France est