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ples du continent de l’Europe ne l’ont absolument pas. Maintenant surgit une question : Peut-on espérer de pouvoir donner par la propagande cette conscience à un peuple qui ne la trouve ni dans son tempérament, ni dans ses habitudes, ni dans sa propre histoire ? ce qui équivaut à demander : Peut-on faire d’un Allemand, d’un Français, un Américain ou un Anglais ? Il y aurait peut-être une autre question à poser : Est-il même désirable de voir s’éveiller la conscience politique chez les nations qui en ont été privées jusqu’à cette heure, et cela précisément à une époque comme la nôtre, dans laquelle, chez les peuples mêmes qui la possèdent, cette conscience, arrivée à son point culminant, et après avoir produit tous ses fruits, tend évidemment à se transformer en conscience anti-politique, c’est-à-dire socialiste révolutionnaire ?

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Mais considérons d’abord la première question. Une fois celle-là résolue, la seconde se résoudra d’elle-même. Peut-on se flatter de pouvoir donner, au moyen de la propagande îa plus habilement organisée et la plus énergiquement exercée, aux masses populaires d’une nation des tendances, des aspirations, des passions, des pensées qui ne soient pas le produit de leur propre histoire et que, par conséquent, elles ne portent point naturellement, instinctivement dans leur sein ? Il me semble qu’à une