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Entre Mazzini et Marx, il existe toutefois une énorme différence, et elle est toute à l’honneur de Mazzini. Mazzini était un croyant profond, sincère, passionné. Il adorait son Dieu, auquel il rapportait tout ce qu’il sentait, tout ce qu’il pensait, tout ce qu’il faisait. Par rapport à sa propre personne, il était l’homme le plus simple, le plus modeste, le plus détaché de lui-même. Son cœur débordait d’amour pour l’humanité et de bienveillance pour tous. Mais il devenait impitoyable, furieux, lorsqu’on touchait à son Dieu.

M. Marx ne croit pas en Dieu, mais il croit beaucoup en lui-même, et rapporte tout à lui-même. Il a le cœur plein non d’amour, mais de fiel, et très peu de bienveillance naturelle pour les hommes, ce qui ne l’empêche pas toutefois de devenir tout aussi furieux et infiniment plus méchant que Mazzini, lorsqu’on ose mettre seulement en question l’omniscience de la Divinité qu’il adore, c’est-à-dire de M. Marx lui-même. Mazzini voulait imposer à l’humanité le joug de Dieu, M. Marx |34 prétend lui imposer le sien. Je ne veux ni de l’un ni de l’autre, mais, si j’étais forcé de choisir, je préférerais encore le Dieu mazzinien.

J’ai cru devoir donner cette explication, pour que les disciples et amis de Mazzini ne puissent m’accuser d’injurier la mémoire de leur maître en le comparant à M. Marx. Je reviens à mon sujet.

Je dis donc que, pour toutes les raisons que je viens d’exposer, je ne m’étonnerai nullement si nous