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Oui, désorganisées et décapitées, parce que le gouvernement nouveau, cette vice-royauté ou ce vice-empire qui sera installé, protégé et dirigé désormais de Berlin, par le grand chancelier de l’Empire germanique, le comte de Bismarck, ne manquera pas d’employer contre le prolétariat, et sur un pied beaucoup plus large encore, les mesures de salut public qui ont si bien réussi au général Cavaignac, le dictateur de la République, d’abord, et ensuite à ce Robert Macaire infâme qui, sous le double titre de prince président et d’empereur des Français, a tranquillement assassiné, pillé et déshonoré la France pendant vingt-deux mortelles années.

Ces mesures, quelles sont-elles ? Elles sont très simples. Avant tout, pour désorganiser complètement les masses ouvrières, on abolira tout à fait le droit d’association. Il ne s’agira pas seulement de cette grande Association internationale, tant redoutée et tant détestée. Non, en dehors de leurs ateliers, où ils se trouveront soumis à une discipline sévère, on interdira aux ouvriers de la France tout genre d’association, sous quelque prétexte que ce soit. De cette manière, on tuera leur esprit, et tout espoir de former entre eux, par la discussion et par l’enseignement mutuel, le seul qui puisse les éclairer maintenant, une volonté collective quelconque. Chaque ouvrier se retrouvera, comme après Décembre, réduit à un isolement intellectuel et moral complet, et par cet isolement condamné à la plus complète impuissance.