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J’ai toujours évité d’appeler M. Marx et ses nombreux collaborateurs les « fondateurs » de l’Internationale ; non qu’inspiré par un sentiment mesquin quelconque, je veuille diminuer leur mérite, auquel au contraire je me plais beaucoup à rendre justice, mais parce que réellement je suis convaincu que l’Internationale n’a point été leur œuvre, mais bien celle du prolétariat lui-même. Ils en furent en quelque sorte les accoucheurs, non les auteurs. Le grand auteur, inconscient comme le sont ordinairement les auteurs de très grandes choses, fut le prolétariat, représenté par quelques centaines d’ouvriers anonymes, français, anglais, belges, suisses et allemands. Ce fut leur vif et profond instinct de travailleurs éprouvés par l’oppression et par les souffrances inhérentes à leur position qui leur a fait trouver le vrai principe et le vrai but de l’Internationale : la solidarité des besoins comme base déjà existante, et l’organisation internationale de la lutte économique du travail contre le capital comme le véritable objet de cette Association. En lui donnant exclusivement cette base et ce but, ils établirent d’un seul coup toute la puissance de l’Internationale.

Ils en ouvrirent les portes largement à tous les millions d’opprimés et d’exploités de la société actuelle, abstraction faite de leurs croyances, de leur