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ce parti attend avec anxiété, avec une impatience passionnée, le mouvement révolutionnaire de la France, le signal de la révolution universelle[1]. Tous les |95 journaux socialistes de l’Allemagne supplient les ouvriers de la France de proclamer au plus vite la République démocratique et sociale, non cette pauvre république rationnelle ou positiviste, sagement pratiquée, tant recommandée par ce pauvre M. Gambetta, mais la grande République, la République universelle du prolétariat, pour qu’ils puissent enfin protester hautement et par les paroles et par les actes, avec le vrai peuple allemand, contre la politique belliqueuse des privilégiés de l’Allemagne, sans avoir l’air de plaider la cause de la France impériale, de la France d’un Napoléon III.

Telle est donc aujourd’hui, malgré tous ses malheurs, et peut-être à cause même de ces terribles malheurs, d’ailleurs si bien mérités, — telle est encore et plus que jamais la grande position de la France révolutionnaire. Du déploiement audacieux et du triomphe de son drapeau, le monde attend son salut.

Mais qui portera ce drapeau ? La bourgeoisie ? Je crois en avoir dit assez pour prouver d’une façon irréfutable que la bourgeoisie actuelle, même la plus républicaine, la plus rouge, est devenue désormais

  1. On voit quelles illusions se faisait alors Bakounine sur la démocratie socialiste allemande et sur ses dispositions à s’associer à un mouvement révolutionnaire parti de la France. — J. G.